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Observations physiques sur l'explosion du magasin à poudre de la plaine de Grenelle, arrivée le 14 Fructidor, l'an second de la République française
Lorsqu'arriva l'affreux accident qu'éprouva la poudrerie établie près de Paris, 
dans la plaine de Grenelle, je m'appeçus bien clairement que le fluide qui 
occasionna la commotion que je ressentis dans le lieu où je me trouvois, n'étoit 
nullement l'air. Incapable de cette célérité de mouvement qui, presque avec la 
promptitude de l'éclair, se fit ressentir à la fois dans tous les points d'une 
même circonférence, et à de très-grandes distances, il est également incapable 
de produire à la distance où je me trouvois [à plus d'une lieue] les effets que 
j'observai. Je sentis en effet que la matière qui ébranloit tout, sembloit venir 
plutôt du sol, que celle qui, propageant son ébranlement à travers l’air, 
occasionnoit le bruit qui se fit entendre. Il me parut qu'elle me pénétrait et 
se faisoit ressentir, sans affecter à l'extérieur le sens du toucher ; car 
j'étois à ma fenêtre, faisant face au lieu où s'opérait cette terrible 
détonnation, et je n'éprouvai aucune impression au visage. J'appris que, dans 
une maison fort élevée, la commotion s'était plus fortement fait sentir en bas 
que dans le haut de cette maison. La plus grande agitation de fait (comme dans 
les tempêtes) peut bien causer le renversement des édifices, le soulèvement des 
toits, &c. &c. ; mais elle ne lui fait pas casser des vitres sans forcer les 
fenêtres ; ce qui est cependant arrivé, et même à des fenêtres dans diverses 
sortes d'expositions et à l'abri des coups de vent.
 

La matière qui a produit la commotion que j'ai observée n'a pas fait voler un 
papier de dessus ma table, ce qu'un léger zéphyr eût opéré. Elle produisit les 
plus grands effets  sur les corps denses, et ne fit nullement frémir le 
feuillage des arbres qui étaient sous mes yeux. Une porte de communication de ma 
chambre à une pièce voisine s'ouvrit, et les plus légers ébranlemens ne se 
firent point remarquer dans les rideaux. Le piton d'un crochet qui tenait une 
porte fermée s'arracha, pendant que le calme de l'air se faisait, dans le même 
lieu, ressentir par le repos des corps légers, &c. &c. 

© 2000-2006, CNRS-Centre Alexandre Koyré, histoire des sciences et des techniques, UMR 8560. Directeur de publication : Pietro Corsi - version du site : 4.5.1
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